Des héros de la santé s’illustrent pour leurs projets innovants

Si l’innovation relève de tous les domaines, la santé n’y fait pas exception. Des solutionneurs du réseau de la santé et des services sociaux originaires de partout au Québec étaient réunis à Montréal pour être récompensés pour leur créativité.

 

Les prix Stars du réseau de la santé (SRS), offerts par la Caisse Desjardins du Réseau de la santé, visent à récompenser ces innovateurs. En plus d’accomplir leurs fonctions régulières comme médecins, travailleurs sociaux ou coordonnateurs, ces professionnels ont imaginé des solutions pouvant faciliter la réalisation de certaines tâches quotidiennes ou pouvant aider à régler des problématiques vécues au quotidien dans le cadre du travail.

 

CScience a d’ailleurs pu s’entretenir avec quelques-unes des personnes qui ont contribué à la concrétisation de ces projets, qui ont tous reçu un prix pour reconnaître les efforts réalisés en vue d’améliorer la performance du réseau de la santé et des services sociaux en termes de soins à la population. Pleins feux sur un des projets innovants dans chacune des quatre catégories de prix (simple, humain, moderne, performant) présentées lors du gala.

Martin Thibodeau, chargé de projet et créateur

Moderne – le monde D’ÉQUOO, CHU de Québec-Université Laval

L’objectif de ce projet était de voir à la gestion du stress causé par les chirurgies chez les enfants. Une étude du CHU de Québec-Université Laval révélait en 2016 que 39% des enfants du Centre mères-enfant Soleil avaient un sentiment d’anxiété assez élevé face à la chirurgie.

 

39% des enfants auraient un sentiment d’anxiété assez élevé face à la chirurgie.

 

Ainsi, le monde d’EQUOO a été créé, un projet qui a pour but d’accompagner, à l’aide de lunettes de réalité augmentée, d’accompagner les enfants lors de leur passage en chirurgie ou en cardiologie pédiatrique. Les patients sont invités, 20 minutes avant que commence la chirurgie, à mettre les lunettes. Deux personnages -EQUOO et Constellation- enseignent alors les techniques de gestion de l’anxiété alors que l’équipe de l’hôpital le déplacent vers la chirurgie. Cela permet d’offrir un soutien moral et d’améliorer toute l’expérience hospitaljère de l’enfant. Jusqu’à maintenant, ils sont 300 à avoir profité de cette expérience, durant laquelle ils se sont fait enseigner par les personnages virtuels comment respirer, méditer et faire de la contraction musculaire. Ils ont adoré l’expérience et leurs parents, de même que le personnel soignant, manifestent également de l’enthousiasme devant cette innovation.

 

Mylène Ferrand, coordonnatrice des soins critiques, volet des urgences

Moderne – Télé prétriage à l’urgence du CHUL

« On se questionnait à savoir comment garder les infirmières expérimentées à l’urgence. Elles tombent enceintes, elles sont réaffectées à d’autres départements, elles font des tâches administratives et on a une pénurie de personnel. On se demandait comment on pourrait les garder et on a pensé au télé prétriage. L’infirmière est dans un local à proximité de l’urgence et via Teams, elle accueille le patient qui passe sa carte d’assurance maladie sous le lecteur se trouvant sous l’écran afin qu’elle puisse voir son dossier et le questionner sur la raison de la visite. Elle complète le questionnaire MRSI de prévention des infections et lui attribue une cote pour le triage après. Depuis qu’on a instauré cette idée, les patients sont vus presque instantanément à leur arrivée à l’urgence, ce qui est rassurant pour eux. Quand ils sont dans la salle d’attente, ils peuvent revenir poser des questions sans problème et en plus, l’infirmière contribue à la réévaluation des patients. Après une heure ou deux, elle les rappelle et s’informe de leur état de santé. Le processus de réévaluation des patients s’est amélioré depuis que nous avons cette infirmière et ça a aidé au processus de triage sur le terrain. Les infirmières qui font le triage sur le terrain n’ont plus besoin d’être affectées à ces tâches, ce qui fait en sorte que les délais de triage sont diminués de beaucoup. Et peut-être qu’éventuellement, ça pourrait se faire de la maison. On pourrait avoir deux infirmières virtuelles, mais elles pourraient faire le prétriage des cinq urgences de Québec. »

Marie-Pier Lehoux, coordonnatrice première ligne, DSM

Performant – GAP à l’urgence, CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal

« On a intégré le Guichet d’accès à la première ligne dans les urgences. Le but est de mettre le fameux guichet d’accès dans les urgences pour éviter que les patients qui n’en ont pas besoin viennent consommer des soins spécialisés. Ainsi, ils sont dirigés vers la bonne ressource et ils profitent d’un enseignement par une infirmière pour savoir comment entrer dans le système. Parce que quand on entre dans le système et qu’on n’en a pas besoin, c’est qu’on n’a pas cogné à la bonne porte. On vient donc mettre la porte en évidence pour les usagers. On s’est dit que l’objectif ultime, c’est que d’ici deux ans, on n’ait plus besoin du projet. Le but est de faire de l’éducation à la population mais aussi aux professionnels parce qu’on s’est rendus compte que beaucoup de professionnels dirigeaient leurs patients aux urgences sans raison. En même temps, on récolte de la donnée et on peut aller résoudre les problèmes en amont. Si quelqu’un indique qu’il est venu parce qu’il n’a pas accès à son médecin de famille, on va travailler avec la FMOQ pour voir ce qu’on peut faire. On vient générer de la donnée parce que si on ne connait pas le problème, on ne peut pas le régler. On a réussi à désengorger les urgences et à comprendre ce qu’il faut pour que tout se déroule mieux après. »

Vicky Surprenant, travailleuse sociale de profession, spécialiste de RSIPA

Simple – Passeport pour les nouveaux employés en soutien à domicile du CISSS de la Montérégie-Est

« C’est un document Excel, à la base, dans lequel on a répertorié les différents éléments que les intervenants nouvellement arrivés au soutien à domicile doivent maîtriser. Ça s’échelonne sur un parcours d’un an. On a priorisé les informations qui doivent être sues dans les deux premières semaines, les trois premiers mois, etc. Ça permet aussi d’établir les rôles et responsabilités de chacun. Le passeport est utilisé par les intervenants, mais aussi par le gestionnaire, qui peut retrouver quels éléments il a à faire, ce qu’il peut faire de façon autonome. Dans la partie qui est donnée par nous, les spécialistes en activité clinique, on retrouve vraiment de façon structurée dans quel ordre on doit faire les formations, quelles informations je dois recevoir à quelle étape de mon cheminement dans les équipes. Le commentaire qu’on a souvent, c’est je me sens plus compétent, je comprends mieux mon rôle, ce que je viens faire au soutien à domicile. Donc c’est vraiment une façon de les rendre plus autonomes dans leur travail et de les soutenir dans tout le processus aussi. On a 4 formations données en présentiel, ce qui donne l’occasion de poser des questions, mais aussi de créer des contacts entre eux. Parfois, ils sont dans le même CLSC et ne se sont jamais croisés. Ça créée des liens et ça brise l’isolement qu’il peut y avoir lorsqu’on arrive dans une nouvelle équipe. On a formé 187 intervenants dans les derniers mois parmi tous les métiers qui œuvrent au soutien à domicile et le taux de rétention est de 86%. »

Marie-Joëlle Doré-Bergeron, pédiatre

Humain – Tout doux : pour des soins tout en douceur, CHU Sainte-Justine

« C’est une initiative institutionnelle fondée à Sainte-Justine et qui vise la prise en charge de la douleur et de l’anxiété procédurales. Comme soignants, nous infligeons de la douleur à nos patients. Quand on fait des prélèvements sanguins, quand on vaccine, quand on met un drain thoracique, ce sont des gestes pouvant être douloureux. Historiquement, l’idée était de dire qu’une petite piqure n’a jamais tué personne. Mais en fait, ces gestes ont des répercussions chez plusieurs personnes si on ne prend pas en charge autrement. Par exemple, les gens qui ont une peur des aiguilles peuvent voir la trajectoire de soins qu’ils auront au cours de leur vie être changée, même à l’âge adulte. Ce sont des gens qui pourraient décider de ne pas se faire vacciner ou encore de ne pas aller chez le dentiste parce qu’ils ont peur des gestes qu’ils pourraient poser. L’idée est simple, mais a pour but de changer la culture des soignants pour qu’ils décident d’implanter et utiliser ces techniques au quotidien. Par exemple, le positionnement. Si je décide de faire le prélèvement sanguin sur une civière et en immobilisant, c’est très différent que si je permets aux parents de l’asseoir sur ses genoux. On peut allaiter pendant l’intervention et vacciner pendant ce temps. On peut faire des choses comme donner du sucrose, qui diminue la douleur chez les bébés pendant les piqures et les prélèvements. On peut aussi faire de la distraction – chanter une chanson, raconter une histoire, souffler des bulles. Il est démontré dans la littérature que ça diminue la douleur procédurale. Ce sont des techniques assez simples, mais qui peuvent vraiment améliorer, diminuer la douleur lors d’une intervention douloureuse. »

 

Source : Des héros de la santé s’illustrent pour leurs projets innovants (cscience.ca)


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