Les prix SRS 2024 récompensent l’innovation pour les patients

Le personnel du réseau de la santé au Québec innove et met au point des solutions pour améliorer ses pratiques et les soins offerts à la population. Le 30 mai dernier à Montréal, 20 finalistes ont participé à la 6ème édition des Prix SRS (Prix Stars du Réseau de la santé), organisée par la Caisse Desjardins du Réseau de la Santé pour récompenser l’innovation.

 

Le jury a eu fort à faire pour cette édition 2024, puisque pas moins de 180 projets ont été proposés, témoignant ainsi de la volonté du personnel soignant d’améliorer les services et de sa vitalité à innover dans sa pratique : répondre aux besoins des ainés, détecter l’autisme chez les enfants immigrants, réaliser des orthèses buccales en impression 3D, connecter les données des signes vitaux des patients, réaliser une application web pour enfants ayant besoin d’un orthophoniste, créer une clinique d’urgence mineure mettant l’infirmière au cœur du projet et désengorgeant les urgences traditionnelles, etc.

 

De nombreux projets proposent des solutions pour répondre à la pénurie de personnel soignant ou à l’engorgement des urgences. Selon les protagonistes, Christian Dubé, ministre de la Santé du gouvernement du Québec, suivrait avec intérêt certaines initiatives.

 

Connecter les données cliniques au dossier du patient

 

Les nouvelles technologies portées par une nouvelle génération de personnel de santé permettent d’explorer de nouvelles voies. C’est le cas de Véronique Chouinard, conseillère cadre en informatisation clinique au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Elle définit son rôle justement à mi-chemin entre les soins infirmiers et l’informatique. Elle défend le projet « Signes vitaux connectés » et fait partie de l’équipe qui a eu l’idée de connecter les signes vitaux des patients directement au dossier médical en wifi. L’idée parait simple, et pourtant …

 

On a tous fait l’expérience de la tension notée sur un morceau de papier et ajoutée à notre dossier médical plus tard. « Il y a un risque d’erreur, du temps de perdu, et l’information n’est pas disponible pour les autres cliniciens, les médecins, quand la donnée est dans la poche de l’infirmière », explique Véronique Chouinard.

 

Puisque les appareils de mesure (tension, pouls, oxygène …) sont déjà connectés en wifi, l’équipe du CHUM a créé une passerelle entre l’appareil et le dossier clinique du patient. « L’infirmière n’a plus qu’à peser sur “enter” sur la machine », poursuit Mme Chouinard. Les informations s’ajoutent directement et en temps réel au dossier du patient.

 

« On a modifié l’appareil à la source pour rajouter des champs afin que l’ensemble de l’information soit capté à la chambre, sous forme de notes complémentaires. » – Véronique Chouinard, porte-parole du projet «Signes vitaux connectés»

 

Pour autant, la passerelle n’a pas été simple à concevoir puisque ses créateurs ont voulu y ajouter des informations. « On a modifié l’appareil à la source pour rajouter des champs afin que l’ensemble de l’information, sous forme de note complémentaire, soit capté à la chambre : est-ce que le patient reçoit de l’oxygène ? Quelle dose ? Est-ce que j’ai levé le patient ? Est-ce qu’il a bien réagi ? … je peux tout faire de la chambre! », se réjouit-elle.

 

De nombreux centres hospitaliers du réseau communiquent avec le CHUM pour mettre en place le même système. L’enjeu est de taille : le CHUM a gagné 1h30 de travail par semaine et par infirmière, sans formation supplémentaire et sans que l’on ait besoin de changer les appareils de mesure.

 

Cette innovation a remporté le 1er prix de la catégorie Simple, l’une des quatre catégories qui concouraient.

 

Une orthèse buccale efficace et à bas coût

 

Mais les innovations québécoises dépassent aussi les frontières de la province. C’est le cas du projet qui propose l’utilisation de l’impression 3D pour produire des orthèses buccales peu couteuses.

Zoe Edger-Lacoursière présente l’orthèse buccale imprimée en 3D qu’elle a mise au point (Photo: Nathalie Simon-Clerc).

 

L’équipe de Zoe Edger-Lacoursière de l’hôpital de réadaptation Villa Medica a mis au point une orthèse buccale, pour des patients ayant subi des brûlures au visage. Ces brûlures diminuent considérablement l’ouverture de la bouche avec des effets néfastes sur l’alimentation et le langage.

 

Les orthèses traditionnelles sont couteuses et limitent rapidement les progrès des patients.

 

L’équipe de Villa Médica a mis au point une orthèse en plastique, imprimable en 3D, qui a déjà fait la preuve de son efficacité sur des patients. La matière première (le fil de plastique pour imprimer) coûte seulement trois dollars, alors que les plans de l’orthèse sont mis gracieusement à disposition sur internet, et sont déjà imprimés jusqu’au bout du monde. Plus de 270 téléchargements ont été enregistrés depuis la mise en ligne en août 2023.

 

Cette invention a permis à l’équipe de Villa Médica de remporter le 2e prix de la catégorie Moderne, derrière le projet « Paramédecine : innover pour mieux répondre aux besoins des ainés », qui permet de répondre à l’appel d’urgence d’une personne âgée, sans nécessairement se rendre à l’urgence.

 

Une application web à la rescousse de la pénurie d’orthophonistes

 

Les orthophonistes s’organisent. L’attente pour un premier service en orthophonie pour de jeunes enfants peut aller jusqu’à 24 mois. Laps de temps énorme aux implications catastrophiques pour un enfant qui rencontre des difficultés de langage.

 

L’application Mots d’Enfant permet de réduire d’un tiers le recours à un(e) orthophoniste pour les jeunes enfants (Photo: Nathalie Simon-Clerc).

 

L’application Mots d’enfants est un programme de stimulation précoce du langage, mis au point par des orthophonistes, qui permet aux éducateurs et enseignants de stimuler le langage des enfants.

 

Grâce à cette application, on rejoint des familles éloignées en région, et un tiers des enfants n’ont plus besoin d’être redirigés vers des services spécialisés. Le projet est arrivé en 3e position de la catégorie Moderne.

 

Les vingt projets sélectionnés ont été évalués par un jury de 16 professionnels provenant de différents milieux. Un montant total de 26 000$ a été distribué aux trois premiers de chaque catégorie (1re position 3 500 $, 2e position 2 000 $, 3e position 1 000 $, 4e et 5e position, mention honorifique).

 

Les bénéfices de la soirée, qui se déroulait au restaurant art déco « Le 9e », qui a rouvert ses portes après une restauration majeure, d’un montant de 40 000$, ont été remis à l’association La Vigile.

 

Pour retrouver l’ensemble des projets des finalistes: Prix SRS 2024

 

Crédit Image à la Une : L’équipe du CHUM qui a mis au point une passerelle internet pour connecter les signes vitaux au dossier du patient (Courtoisie CHUM/Eric Bolte)

 

Source : CSciences 


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