REER et CELI : démêler le vrai du faux

Le REER ne permet pas seulement d’épargner pour la retraite et le CELI est plus qu’un compte d’épargne. Découvrez comment certaines fausses croyances vous empêchent de tirer pleinement profit de ces véhicules d’épargne.

 

Angela Iermieri, planificatrice financière chez Desjardins, déboulonne les 9 mythes les plus tenaces concernant le Régime enregistré d’épargne retraite (REER) et le compte d’épargne libre d’impôt (CELI) pour que vous puissiez faire un choix éclairé.

1. Le REER est utile seulement pour la retraite

Faux. L’achat d’une première propriété ou un retour aux études sont d’autres projets que le REER rend possibles. Le régime d’accès à la propriété (RAP) facilite l’achat d’une première propriété en permettant de retirer jusqu’à 35 000 $ de votre REER sans payer d’impôt. Le régime d’encouragement à l’éducation permanente (REEP) vous aide, vous ou votre conjoint, à faire un retour aux études en retirant jusqu’à 20 000 $ sans payer d’impôt1.

2. Le CELI est un compte d’épargne dans lequel je peux piger sans problème

Vrai. Le CELI vous permet en effet de retirer des sommes lorsque vous en avez besoin. En revanche, l’avantage du CELI est de faire croître l’épargne et les revenus générés à l’abris de l’impôt. Il faut donc laisser son argent assez longtemps pour générer des revenus.

Quoi savoir dès maintenant au sujet du CELI

 

Plusieurs options de placement s’offrent à vous pour votre CELI. Selon votre profil d’investisseur, vous pouvez choisir le produit qui vous convient pour faire fructifier votre argent à l’intérieur de votre CELI. Les revenus d’intérêts, de dividendes ou le gain en capital s’ajoutent à votre capital investi, le tout à l’abri de l’impôt. Les sommes retirées du CELI ne sont pas imposables. De plus ces sommes génèrent des droits pour l’année suivante, et permettre d’y être réinvesties. Assurez-vous toutefois d’en faire le suivi pour ne pas dépasser les limites permises.

3. Ma cotisation REER est faite, l’argent est placé!

Pas tout à fait. Le REER est comme un panier dans lequel nous déposons des cotisations qui donnent des déductions fiscales. Ensuite, il est possible de faire fructifier cet argent en choisissant un placement qui répond à vos besoins, selon votre profil d’investisseur, votre tolérance au risque et la durée fixée pour atteindre vos objectifs. Plusieurs types de placements sont offerts. Un conseiller pourra vous guider dans votre démarche. Cela vous permettra de faire croître votre épargne et vos rendements à l’abri de l’impôt. Le temps travaille pour vous.

4. Les marchés sont tellement volatiles, ça ne vaut pas vraiment la peine de prendre des REER maintenant

Faux. L’avantage du REER est d’abord de profiter de l’économie d’impôt que vous procure la cotisation elle-même. Ensuite, vous pouvez investir cette somme dans un des nombreux produits de placement offerts (épargne à terme, placements garantis liés aux marchés, fonds communs de placement, titres boursiers).

 

Vous pouvez choisir les produits qui vous conviennent et viser à diversifier votre portefeuille REER selon votre tolérance au risque et vos objectifs. Plus votre horizon de placement est long, plus le choix de placements est grand et, très souvent, les possibilités de rendement sont plus élevées. Vous pourrez ainsi faire croître l’argent cotisé au REER à l’abri de l’impôt jusqu’au moment du retrait, en plus de bénéficier d’une économie d’impôt lors de la cotisation.

5. Le REER ne sert à rien puisque je devrai payer de l’impôt lors du retrait

Faux. La cotisation vous permet de bénéficier d’une déduction dans le calcul de votre revenu lors de la préparation de votre déclaration de revenus annuelle. De plus, le REER permet de reporter l’impôt à payer au moment des retraits. L’idée? Généralement, le revenu est moins élevé à la retraite, donc le taux d’imposition est plus faible. Le plus important, c’est que pendant toutes ces années l’argent croît à l’abri de l’impôt.

 

À l’approche de la retraite, une bonne stratégie de retrait REER élaborée avec votre conseiller vous permettra d’en réduire l’effet fiscal.

6. À la retraite, le retrait REER nous pénalise, car on perd la pension de la Sécurité de la vieillesse

Oui et non, cela dépend de votre revenu. Il faut atteindre un revenu annuel d’environ 130 000 $ à la retraite pour perdre la totalité de la pension de la Sécurité de la vieillesse. Une personne commence à perdre une partie de la pension lorsque son revenu personnel net est supérieur à environ 81 000 $. Si vous prévoyez atteindre ces revenus à la retraite, ou si vous hésitez à cotiser au REER, un plan de retraite établi avec votre conseiller vous permettra de déterminer la meilleure stratégie pour vous.

7. Le CELI est mieux que le REER : il n’y a pas d’impôt à payer sur les retraits

Faux. Ils ont chacun leurs avantages. Vous n’aurez en effet aucun impôt à payer lorsque vous retirerez des sommes du CELI, puisque vous n’avez pas obtenu une déduction dans le calcul de votre revenu en y cotisant, contrairement au REER. Le CELI est donc à privilégier pour des projets à court ou moyen terme, et même à long terme, en prévision de la retraite.

En revanche, la cotisation au REER est plus avantageuse si votre objectif est de faire une économie d’impôt à un taux d’imposition plus élevé que celui qui est appliqué au moment du retrait, et de bonifier certains crédits et programmes sociaux.

8. Le CELI n’est pas accessible à ceux qui ne travaillent pas

Faux. Tout résident canadien de 18 ans et plus peut cotiser à un CELI, qu’il ait des revenus de travail ou de retraite, ou qu’il n’ait aucun revenu. Chaque année, le même droit de cotisation est offert à tous. En 2023, il est permis de cotiser 6 500 $. Si vous n’avez jamais cotisé, aviez 18 ans ou plus en 2009 et êtes résident canadien depuis 2009, vos droits de cotisation s’élèvent à 88 000 $. Si vous avez déjà cotisé et fait des retraits, le montant retiré s’ajoute à vos droits de cotisation de l’année suivante. Il faut toutefois faire le suivi de vos transactions pour ne pas dépasser la limite de cotisation permise.

9. La cotisation au REER du conjoint permet de choisir qui bénéficie de l’avantage fiscal

Faux. Vous pouvez choisir de cotiser au REER de votre conjoint, selon vos droits de cotisation, et c’est vous qui profiterez de l’économie d’impôt. Toutefois, les sommes versées dans le REER appartiendront à votre conjoint. C’est donc lui qui sera imposé sur le montant du retrait si l’argent demeure dans son REER plus de 3 ans2, sinon la somme retirée sera ajoutée à vos revenus et c’est vous qui serez imposé.

 

Cotiser au REER de son conjoint permet de répartir de façon plus égale le revenu des 2 contribuables à la retraite, donc de réduire la facture fiscale si le taux marginal d’impôt du conjoint est moins élevé. C’est ce qu’on appelle fractionner les revenus.

 

Source : Blogue Desjardins

 

_

1 Certaines conditions s’appliquent.

2 Précision à noter : Le délai de 3 ans doit comprendre trois 31 décembre depuis la cotisation. Par exemple, pour une cotisation effectuée le 30 décembre 2022, un retrait sera possible en janvier 2025.